Il aura fallu quelques années aux services de messagerie instantanée pour modifier radicalement nos modes de communication.
En effet, l’avènement de la visioconférence a permis – pour la première fois dans l’histoire des relations humaines – à deux interlocuteurs de voir la même chose. Tout à coup, il fut naturel de percevoir exactement l’image que l’on renvoyait à l’autre. Aussi fallait-il beaucoup de modestie pour ne pas succomber à la tentation de prendre le contrôle de cette image.
Au même moment, se généralisaient les réseaux sociaux sur lesquels on se muait en voyeurs exhibitionnistes.
Aussi, naissaient de nouvelles formes d’histoires intimes.
Ce nouveau mode relationnel n’a pas échappé à Bonze qui est parvenu à en saisir la dimension esthétique.
Ici, le photographe s’efface, il n’est plus dans la pièce et ne contrôle plus l’éclairage ni la mise en scène. Le modèle choisit exactement ce qu’elle veut laisser voir au photographe.
Solitudes saisit cet instant de l’histoire. Ce moment particulier où la solitude est la disgrâce de ceux qui échappent aux nouvelles technologies. Solitudes relate ces moments où l’on prend le contrôle tout en feignant de le perdre. Mais Solitudes raconte aussi ces moments de solitude où l’on se contente d’exhiber virtuellement ce que l’on ne saurait partager dans la vie réelle.